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Montréal, le 1er juillet 2020 Il est essentiel pour nous, de nous unir dans un processus d’apprentissage de la création de modèles de ce que nous voulons voir dans toutes les dimensions de la vie humaine, alors que nous apprenons à appliquer le principe de l’unité par l’engagement pratique et l’expérience.

Un élément essentiel du processus sera un discours honnête et véridique sur les conditions actuelles et leurs causes, et la compréhension, en particulier, les notions profondément enracinées de l’anti-couleur qui imprègnent notre société. Nous devons renforcer la capacité d’entendre et de reconnaître véritablement la voix de ceux qui ont directement souffert des effets du racisme. Cette capacité devrait se manifester dans nos écoles, nos médias et dans d’autres domaines civiques, ainsi que dans notre travail et nos relations personnelles. Cela ne doit pas se terminer par de belles paroles, mais conduire à une action significative et constructive.

En 1934, l’Assemblée spirituelle de Montréal reçoit une lettre du Comité national de l’amitié de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís des États-Unis et du Canada, l’encourageant à promouvoir l’amitié raciale en organisant des rencontres « dans le but de réunir des citoyens intelligents et ouverts d’esprit », présentant des faits scientifiques concernant la race, invitant les gens « qui ne connaissent pas grand-chose ou rien de la culture africaine », d’entendre ce que ceux-ci cherchent, et quels sont leurs idéaux. Les orateurs de ces rassemblements pourraient être ceux qui n’étaient pas bahá’ís, mais qui approuveraient les principes bahá’ís de l’unité de l’humanité, « sinon il n’y aura pas de résultat ». La lettre encourageait « les bahá’ís en tant qu’un organisme (à) répondre aux besoins et aux objectifs des personnes étrangères au sein d’eux ».

Les objectifs étaient louables et même bien en avance sur leur époque, mais étaient encore tout à fait différents des attitudes contemporaines dans les communautés bahá’íe. À l’époque, la nouvelle religion a été largement considérée par ses adhérents comme principalement un mouvement « appartenant » aux groupes particuliers, qui ont dû tendre la main à diverses races et les gens, plutôt que d’un mouvement appartenant à tous. Une adhérente afro-canadienne a mieux exprimé la question de la « propriété » et a eu ceci à dire lorsqu’on l’a interrogée sur la façon dont elle s’est inscrite dans la communauté bahá’íe :

  • À l’époque, vous deviez écrire une lettre d’intention à l’Assemblée locale indiquant que vous croyiez en les figures centrales de la foi et que vous aviez lu le livre Nouvelle Ère, et le Testament d’Abdu’l-Bahá. Lorsque j’ai rencontré le comité, ils m’ont parlé et m’ont demandé d’aller dans la salle adjacente pendant qu’ils discutaient de mon adhésion. Je savais que, Peu importe s’ils m’acceptent ou non, j’étais un Bahá’í – la foi bahá’íe appartenait à tout le monde. Pourquoi être formel à ce sujet?, je pensais. Ils ne pouvaient pas m’empêcher d’entrer, alors ils m’ont fait entrer ? c’était mon droit.

La première perspective a produit une vision ethnocentrique qui définissait les frontières de la communauté bahá’íe par ceux qui étaient déjà membres. Cela impliquait une vision statique de l’appartenance communautaire, par laquelle les frontières n’étaient pas étendues vers l’extérieur. Un autre objectif, selon la lettre du Comité de l’Amitié, était lié au processus des communautés bahá’íes qui s’instruisaient sur les principes bahá’ís au sujet des relations raciales. À cet égard, le Comité de l’Amitié a résumé certains des obstacles d’antan liés à l’unité raciale sous la forme d’un « manque d’information intelligente, par une trop grande diversité d’opinions, par des préjugés mineurs, par sentimentalité et de l’émotion ».

Le récit d’Edward (Eddie) Elliot (1898-1953), un technicien d’hydroélectricité et l’un des premiers Afro-Canadiens à s’inscrire à la nouvelle religion au Canada illustre le genre de liens que les membres du groupe minoritaire développeraient avec d’autres Bahá’ís. Il a été adhéré à la foi bahá’íe à travers l’église du révérend Este. Sa mère a été une femme de chambre dans la maison Maxwell et Eddie Elliot et Mary Maxwell étaient des amis d’enfance proches. Rowland Estall (l’un des premiers Bahá’ís de Montréal) parle davantage de l’implication de M. Elliot dans la communauté bahá’íe :

  • ... dans sa jeunesse, il (Elliot) faisait à la fois partie du groupe de jeunes bahá’ís et d’un club social organisé par (Mary Maxwell) appelé le « Club de la Fratority ». Par ce mot, Mary Maxwell voulait mettre en place les mots « fraternité » et « sororité » et avait invité les gens à y appartenir, pour la plupart de jeunes étudiants de McGill, qui, autrement, n’auraient pas pu s’inscrire aux fraternités et aux sororités exclusives autour du campus... Plus tard, Elliot fut souvent président de l’Assemblée spirituelle locale de Montréal, bien qu’il restât membre de l’Église noire – le maintien de l’adhésion à son église n’était pas une pratique rare chez les Bahá’ís au cours de ces premières années. Elliot arrivait à la maison Maxwell après la tombée de la nuit pour ne pas éveiller les soupçons parmi les voisins des Maxwell…

Dans une conversation Rowland Estall a demandé Elliot « quand venez-vous au coin du feu (rassemblements informels à la maison de Maxwell)? Et il a dit « après la tombée de la nuit, tu sais que je ne viendrais pas quand il fait jour. » Donc, à neuf heures, il se présentait et il était temps de rentrer à la maison. Ce sont les choses tristes à propos de ces jours ...

L’une des personnes qui était membre de l’église du révérend Este, était Violet State (née Grant), une adolescente de 14 ans. Les parents de Violet et Elliot ont quitté les Antilles pour s’installer au Canada à titre d’ouvriers. Les hommes travaillaient pour la plupart à la Compagnie du Chemin de fer CN, et les femmes travaillaient comme domestiques, comme la mère d’Elliot qui travaillait chez les Maxwell. Elliot était le maître d’un programme d’école du dimanche dans l’église et Violet assistait à ces cours. Elle se souvient qu’Elliot se levais à une certaine heure et partait en disant qu’il devait assister à une autre réunion importante. Finalement, Violet lui demanda un jour au sujet de ces réunions importantes auxquelles Elliot assistait. Elliot a parlé à Violet au sujet de la foi bahá’íe et elle a accepté le message sans aucune hésitation. Violet a travaillé dans diverses écoles de Montréal comme professeur de musique. Elle a également été membre du seul orchestre symphonique composé uniquement des femmes. Cet orchester a donné sa première présentation au Carnegie Hall à New York. Elle a été nommée par la Ville de Montréal comme l’une des dix femmes qui ont bâti cette ville et a reçu un certificat d’honneur de la mairesse de Montréal ! Violet est toujours en vie, en bonne santé et vit dans une maison de retraite à Montréal. Elle a 96 ans!

Photos : L'Assemblée spirituels des Bahá'ís de Montréal 1948 - Eddie Elliot au centre

               Violet State (née Grant) 

W.C. van den Hoonaard,  The Origins of the Bahá’í Community of Canada

Golgasht Mossafai, entretiens avec Violet State et Raymond Flournoy

Pour les histoires de vie de Violet :

Nommer une rue ou un établissement de Verdun en honneur de Violet States ...

Dame bahá’íe parmi les vingt Montréalaises d’exception qui sont nommées « Bâtisseuses de la Cité »

Mémoire d’un des piliers de la foi bahá’íe

Montréal, le 23 juin 2020 – Créer une société juste commence par la reconnaissance de cette vérité fondamentale quel’humanité est une. Il ne suffit pas de croire cela dans nos cœurs ; au contraire elle doit stimuler un devoir moral d’agiret de voir tous les aspects de notre vie personnelle, sociale et institutionnelle sous la loupe de la justice. Cela impliqueune réorganisation de notre société d’une manière plus réfléchie que tout ce que nous avons déjà accompli. Ceci exigela participation de tous les êtres humains de toutes races et de tous les milieux, car ce n’est que par une telleparticipation inclusive que de nouvelles orientations morales et sociales peuvent émerger.

L’un des premiers bahá’ís de Montréal, Rowland Estall, nous donne le compte rendu suivant du travail de Mme Maxwell parmi les Afro-Canadiens de Montréal :

La maison (Maxwell) était pleine de gens, les bahá’ís et de nombreux membres de l’Église unie noire dont le révérend Charles Este était pasteur. Mme Maxwell s’était adressée à la congrégation du révérend Este le dimanche précédent et avait invité la congrégation à lui rendre visite le jeudi suivant ! j’étais assis à côté de Mme Maxwell dans le bureau de M. Maxwell. Au cours de la soirée, la femme de chambre est venue et nous a dit que Mme Maxwell était recherchée à la porte d’entrée. Un policier était arrivé à la suite d’une plainte d’un voisin selon laquelle il y avait eu des perturbations dans le quartier.  Mme Maxwell a dit qu’elle entretenait tout simplement ses invités et a prié le policier d’entrer et à voir par lui-même. Quelque peu gêné et visiblement surpris par le charme et la gentillesse de Mme Maxwell en l’invitant à entrer, il s’en a pris et est parti. Il s’agit d’un incident qui démontre l’hostilité de certains voisins dans ce quartier résidentiel exclusif à l’époque et l’insouciance de Mme Maxwell pour les préjugés de ses voisins..

Cet événement aurait pu faire partie d’une activité conjointe avec les travaux du International Amity Committee qui a eu une réunion locale réussie à Montréal en 1929-1930.

La visite à Montréal de Louis Gregory, le plus éminent afro-américain bahá’í, au cours de l’été 1924, avait sans douterenforcé le propre travail de May Maxwell dans les relations raciales. En 1927, la communauté bahá’íe d’Amérique duNord avait atteint un tournant dans l’amélioration de son climat racial. Lorsque la 19e Convention nationale de lacommunauté nord-américaine bahá’íe s’est tenue à Montréal en avril, la question de race « a été longuement discutéeet avec une franchise sans précédent ». Quelques jours avant la Convention nationale, l’Assemblée spirituellenationale avait organisé une « Conférence mondiale de l’unité » les 24 et 28 avril 1927 et les bahá’ís de Montréalavaient également tenu une Race Amity Meeting les 2 et 4 mars 1930.

Ce qui suit est un récit oculaire de la rencontre d’Abdu’l-Bahá avec quelques jeunes à New-York, en 1912 :

Abdu'l-Bahá se tenait à la porte et accueillait chacun des visiteurs, tantôt avec une poignée de mains, tantôt avec un bras passé autour des épaules, mais toujours en souriant et riant aux éclats comme s'il eût été un de leurs camarades. Les jeunes garçons paraissaient du reste fort à leur aise et n'éprouver aucune gêne dans ce cadre inaccoutumé. Parmi les derniers qui entrèrent se trouvait un enfant d'environ treize ans, à la peau d'un noir d'ébène. Seul de sa race dans le groupe, il craignait évidemment de ne pas être le bienvenu. Aussitôt qu`Abdu'l-Bahá le vit, son visage s'éclaira d'un sourire céleste. Il leva la main en un geste d'accueil royal et s'écria d'une voix forte afin d'être entendu de tous : "Ah ! voici une rose noire !"

Un grand silence se fit dans la chambre. Le visage noir s'illumina d'une joie presque supra-terrestre. Les autres garçons le regardèrent avec de nouveaux yeux. Je crois qu'on l'avait souvent appelé de bien des noms en y ajoutant le mot noir mais jamais encore on ne l'avait qualifié de rose noire.

Cet incident significatif avait complètement modifié l'ambiance. L'atmosphère de la pièce semblait chargée maintenant de vibrations subtiles que chaque âme ressentait. Les jeunes gens, sans rien perdre de leur aisance ni de leur simplicité, étaient plus graves et concentraient plus leur attention sur `Abdu'l-Bahá. Je les vis à plusieurs reprises lancer des coups d'œil furtifs vers leur camarade noir et ils avaient l'air de réfléchir. Pour les quelques amis présents dans la chambre, cette scène évoquait des visions d'un monde nouveau, où chaque créature serait considérée comme étant un enfant de Dieu et traitée comme tel. Quel changement dans New York, pensais-je, si ces garçons gardaient de cette visite un souvenir assez intense pour que, durant toute leur vie, en rencontrant des représentants des différentes races répandues dans la grande ville, ils parviennent à les considérer et à les traiter comme des fleurs de teintes diverses dans le jardin de Dieu. En libérant de ce seul préjugé l'esprit de ces quelques créatures, on procurerait certainement le bonheur a des milliers d'autres âmes et on les guérirait de leur rancœur. Comme il est facile et simple d'être bon, mais aussi comme nous sommes difficiles à éduquer !

À l'arrivée de ses visiteurs, `Abdu'l-Bahá avait fait chercher des bonbons, et on lui apporta une grande boîte de chocolats de luxe assortis, pesant bien cinq livres. Quand l’emballage fut enlevé, il fit le tour de la pièce et, plongeant la main dans la boîte, donna à chaque gamin une grande poignée de chocolats, en l'accompagnant d'un mot aimable et d'un sourire. Il retourna ensuite vers la table et y posa la boite qui ne contenait plus que quelques bonbons. Il choisit un chocolat de forme allongée, fourré de nougat, et d'un brun très foncé. L'ayant considéré un instant, il reporta les yeux sur le groupe des jeunes garçons qui l'observaient attentivement et dans une attitude d'expectative. Sans mot dire, il traversa la pièce, se dirigea vers le jeune noir puis, toujours en silence, mais en lançant au petit groupe un regard perçant et plein d'humour, il approcha le bonbon de la joue noire. Quand il enlaça de son bras les épaules du jeune garçon, son visage rayonnait d'une joie qui semblait illuminer toute la pièce. Point n'était besoin de mots pour exprimer sa pensée, sans aucun doute, les garçons l'avaient comprise.

Vous voyez, semblait-il dire, il n'est pas seulement une fleur noire, mais aussi un bonbon noir. Vous mangez des chocolats noirs et vous les trouvez bons ; peut-être trouveriez-vous votre frère noir excellent aussi une fois que vous auriez goûté sa douceur.

Un silence impressionnant régna de nouveau dans la chambre. Tous les jeunes gens regardèrent encore une fois leur camarade noir avec une réelle surprise, comme s'ils ne l'avaient jamais vu auparavant, ce qui était bien le cas, en vérité. Quant au petit noir vers lequel tous les regards étaient maintenant dirigés, il ne semblait avoir conscience que d`Abdu'l-Bahá. Ses yeux étaient fixés sur le maître avec une expression d'adoration et de félicité telles que je n'en avais encore jamais vues sur aucun visage. Pour l'instant, il était transfiguré. La réalité de son être intérieur se manifestait au dehors, et l'ange qu'il était en vérité se révélait.

Photos : 'Abdu'l-Bahá'í avec les enfants, New York 1912

Louis Gregory et son épouse anglaise Louisa Mathew Gregory

Références : 'Abdu'l-Bahá'í – Mahmud’s Diary

W.C. van den Hoonaard,  The Origins of the Bahá’í Community of Canada

Howard Colby Ives, Les voies de la liberté

Montréal, le 8 juin 2020 - Lors de la célébration de la fête des 19 jours de Núr (Lumière), dans un quartier de Montréal, la consultation a été axée sur la manière que nous pouvons attirer l’attention de nos concitoyens sur les Principes de la Foi bahá’íe de l’unité raciale. Cette série d’articles portera sur l’histoire des relations étroites que cette Communauté a eu avec les Roses Noires de Montréal!

Le premier contact entre les bahá’ís et une Black Church a eu lieu lors de la visite d’Abdu’l-Bahá à Montréal en septembre 1912, lorsqu’on lui demanda de parler à la congrégation de l’église noire de Montréal (comme on l’appelait à cette époque). 'Abdu’l-Bahá a malheureusement dû décliner l’invitation en raison de son emploi du temps très chargé. Nous apprenons cependant qu’un ami d’enfance de Mary Maxwell, la fille du célèbre architecte montréalais dont la maison est maintenant le Sanctuaire bahá’í, était Eddie Elliot, le seul membre canadien de sa race à devenir bahá’í au cours de la vie d’Abdu’l-Bahá.

'Abdu’l-Bahá a donné l’exemple par lequel May Maxwell s’est sentie inspirée à mener des travaux, tant philanthropiques que bahá’í dans la Communauté afro-canadienne de Montréal. C’est par diligence et un vif intérêt pour l’harmonie raciale de Mme May Maxwell et la soif spirituelle de certaines personnes que les premiers Afro-Canadiens ont accepté cette Foi. Ce qui a attiré ces premiers croyants à la nouvelle foi a été l’hospitalité de Mme May Maxwell.

Le thème des conférences d’Abdu’l-Bahô dans les églises, synagogues, mosquées et universités en Amérique du Nord était l’unité raciale. Ce qui suit est une conférence donnée dans une église :

Aujourd'hui je suis très heureux, car je vois ici une réunion de serviteurs de Dieu. Je vois rassemblés des hommes blancs et des hommes de couleur.

Dans l'estime de Dieu il n'y a pas de distinction de couleurs; tous sont un dans la couleur et la beauté de leur servitude envers Lui.

La couleur n'est pas importante; le cœur est de toute importance. L'extérieur importe peu si le cœur est pur et blanc intérieurement.

Dieu ne fait pas de différences de couleur et de teint; Il regarde les coeurs. Celui dont la morale et les vertus sont louables est préféré aux yeux de Dieu; celui qui se consacre au royaume est le plus aimé.

Dans le domaine de la genèse et de la création la question de couleur est de moindre importance.

Le règne minéral abonde en substances et en compositions aux multiples couleurs, mais nous ne constatons parmi elles aucun conflit à ce sujet.

Dans le règne des plantes et des légumes, des nuances distinctes et bigarrées existent, mais les fruits et les fleurs ne sont pas en conflit pour cette raison. Bien plus, le seul fait qu'il y ait de la différence et de la variété donne plutôt un charme au jardin. Si tout était de la même couleur l'effet serait monotone et déprimant.

Lorsque vous pénétrez dans un jardin de roses la richesse de couleurs et la diversité des formes florales étalent devant vous un tableau de merveille et de beauté. Le monde de l'humanité est comme un jardin et les différentes races sont les fleurs qui constituent son ornement et sa décoration.

Dans le règne animal nous trouvons également de la variété de couleur. Voyez comme les colombes diffèrent dans leur beauté, et cependant comme elles s'aiment et vivent ensemble dans une paix parfaite. Elles ne font pas de la différence de couleur une cause de discorde et d'opposition. Elles se considèrent comme étant de la même espèce et de la même race. Elles savent qu'elles sont d'une seule espèce.

Une colombe blanche s'élève souvent dans les airs avec une colombe noire. Dans le règne animal nous ne trouvons pas de séparation entre les créatures pour des raisons de couleur. Elles reconnaissent l'unité des espèces et l'unité de la race.

Si nous ne trouvons pas de distinction de couleur dans un règne d'intelligence et de raison inférieures, comment peut-elle se justifier parmi les êtres humains, spécialement lorsque nous savons que nous venons tous de la même source et appartenons tous à la même famille? 

Dans son origine et dans son dessein de création l'humanité est une. Les distinctions de race et de couleur se sont élevées par la suite. 

C'est pourquoi je suis extrêmement heureux aujourd'hui que des hommes blancs et de couleur se soient rassemblés ici, et j'espère que le temps viendra où ils vivront ensemble dans la plus grande paix, la plus grande unité et la plus grande amitié.

Je désire vous dire à tous une chose d'importance, afin que la race blanche soit juste et bienveillante envers la race de couleur et que la race de couleur, en retour, montre de la reconnaissance et de l'estime envers la race blanche.

La grande proclamation de la liberté et de l'émancipation de l'esclavage a été faite sur ce continent. Des hommes blancs se sont battus dans une longue guerre sanglante pour la cause des gens de couleur. Ces hommes blancs perdirent leurs biens et sacrifièrent leur vie par milliers pour que les hommes de couleur soient libérés de l'asservissement.

La population de couleur des États-Unis d'Amérique n'est sans doute pas complètement informée de ce que l'effet de cette liberté et de cette émancipation s'est étendu à leurs frères de couleur d'Asie et d'Afrique où existaient des conditions d'esclavage encore plus terribles.

Influencés et mus par l'exemple des États-Unis, les pouvoirs européens proclamèrent la liberté universelle de la race de couleur, et l'esclavage cessa d'exister.

On ne devrait jamais perdre de vue cet effort et cet accomplissement des nations blanches. Vos deux races devraient se réjouir en reconnaissance de ce que l'institution de la liberté et de l'égalité dans ce pays soit devenue la cause de la libération de vos semblables partout ailleurs. 

Les gens de couleur de ce pays sont particulièrement heureux car, Loué soit Dieu! les conditions sont ici bien plus élevées qu'en Orient, et il existe comparativement peu de différence avec la race blanche dans la possibilité de connaissances égales. 

Puissiez-vous vous développer vers le plus haut degré d'égalité et d'altruisme. Puissiez-vous vous unir en amitié, et puisse un développement extraordinaire faire de la fraternité une réalité et une vérité. Je prie pour qu'il n'y ait pas entre vous d'autre nom que celui d'humanité.

En conséquence, luttez ardemment et déployez vos plus grands efforts pour l'accomplissement de cette amitié et pour cimenter ce lien de fraternité entre vous.

Une telle acquisition n'est pas possible sans la volonté et l'effort de chacun : de l'un, expression de gratitude et d'estime; de l'autre, bienveillance et reconnaissance d'égalité.

Chacun devrait s'efforcer de développer et d'aider l'autre vers l'avancement mutuel. Cela n'est possible qu'en unissant effort et inclination.

L'amour et l'unité seront développés entre vous, amenant de ce fait l'unité de l'humanité. Car l'accomplissement de l'unité entre les hommes de couleur et les hommes blancs sera une assurance de la paix du monde. Alors le préjugé racial, le préjugé national, le patriotisme limité et les tendances religieuses disparaîtront et bientôt n'existeront plus.

Je suis content de vous voir à cette réunion, blancs et noirs, et je loue Dieu d'avoir eu cette occasion de vous voir vous aimer, car c'est la voie de la gloire de l'humanité. C'est la voie du bon plaisir de Dieu et de la félicité éternelle en son royaume. Je prie donc pour vous, afin que vous atteigniez l'amour le plus total et que puisse venir le jour où toutes les différences disparaîtront entre vous.

 

Photo : Église Saint James unie où 'Abdu'l-Bahá a donné un discours en septembre 1912

Abdu'l-Bahá'í – Bahá’í World Faith

W.C. van den Hoonaard,
The Origins of the Bahá’í Community of Canada

 

Montréal, le 16 juin 2020 - La relation étroite entre la communauté bahá’íe de Montréal et la communauté des « Roses noires » s’est poursuivie grâce au vigoureux travail de Mme Maxwell qui a participé aux œuvres sociaux et philanthropiques de la ville.

En 1927, elle devient présidente d’honneur du Club Nègre de Montréal. Le Club soulagea les difficultés et aida les pauvres et fournisse des vêtements aux immigrants antillais nouvellement arrivés. Le Club partageait gracieusement une soupe très populaire entre les chômeurs, fournissait des parcelles funéraires à ceux qui n’en avaient pas les moyens, et ses membres se portaient volontaires pour offrir des aides aux mères en difficulté financier. La vie des Afro-Canadiens à Montréal, au nombre d’au moins 1200, a été éclipsée dans une situation non saine. Le logement, l’éducation et d’autres installations étaient négligeables, à l’exception des salles de billard et des appartements de la rue Saint-Antoine, entre Windsor et Guy.

L’un des premiers contacts établis par May Maxwell fut l’un des célèbres réformateurs Charles H. Este, pasteur de la seule église noire de Montréal qui dirigea la congrégation de 1925 à 1968. L’Église a été la première de toutes les agences à s’occuper d’activités récréatives, culturelles et éducatives pour les Afro-Canadiens dans la ville. Le révérend Este est devenu un ami personnel de la famille Maxwell et a visité avec Mme Maxwell au Congrès mondial de 1963 à Londres, Royaume-Uni. Il devient ainsi un ami proche de la communauté bahá’íe de Montréal.

Un certain nombre de personnes de l’église du révérend Este sont devenues bahá’ís, y compris M. Eddie Elliot et les deux filles de Mme Blackburn qui avait épousé un homme afro-canadien. Ils sont devenus membres du premier Groupe jeunesse de Montréal.

L’intérêt de Mme Maxwell à accorder une attention personnelle au sort des Afro-Canadiens se reflète dans un récit de quelqu’un qui s’est rendu chez elle à ce moment-là. La femme de chambre a dit au visiteur que Mme Maxwell ne pouvait pas la recevoir aujourd’hui! Puis Mme Maxwell a été vue se précipitant dans les escaliers pour accueillir le visiteur s’excusant en expliquant qu’elle avait une femme à l’étage donnant naissance à un bébé parce qu’elle était noire et qu’aucun des hôpitaux ne voulait la prendre. Donc, elle a été amener son propre médecin et d’avoir ce bébé pour être né juste dans sa propre maison !

Les étudiants de l’université Howard à Washington, D.C., fondée en 1867 pour éduquer les anciens esclaves; était le premier public majoritairement noir que 'Abdu’l-Bahá, s’adressera en Amérique en 1912. Il a commencé par attirer l’attention sur la diversité dans la salle. « Aujourd’hui, je suis heureux, dit-il, car je vois... blanc et noir assis ensemble. Il a ensuite rejeté les opinions dominantes en noir et blanc sur l'existentialisme racial — la croyance répandue que la race d’une personne était au cœur de son humanité : « Il n’y a pas de blancs et de noirs devant Dieu. Toutes les couleurs ne font qu’une, et c’est la couleur de la servitude envers Dieu. Le parfum et la couleur ne sont pas importants. Le cœur est important. Si le cœur est pur, blanc ou noir ou n’importe quelle autre couleur ne fait aucune différence. »

« Alors que je suis ici devant vous ce soir et que je regarde cette assemblée, dit-il à l’auditoire, je me souviens curieusement d’un beau bouquet de violettes réunies dans des couleurs variées, sombres et claires. »

Dans le règne végétal, les couleurs des fleurs multicolores ne sont pas la cause de la discorde. Au contraire, les couleurs sont la cause de l’ornementation d’un jardin parce qu’une seule couleur n’a pas d’attrait; mais quand vous observez des fleurs multicolores, il y a du charme et de la beauté. Le monde de l’humanité, aussi, est comme un jardin, et les êtres humains sont comme les fleurs multicolores.

‘Abdu’l-Bahá avait commencé à élaborer un nouveau langage de la race — une nouvelle gamme d’images et de métaphores raciales — qui contredisait consciemment ces associations racistes et ancrées. Ils ont trouvé leur focus sur Louis Gregory, qui fut le premier bahá’í américain d’origine africaine. — Je vous compare, lui dit ‘Abdu’l-Bahá, à la pupille noire de l’œil. Vous êtes noir et la pupille est de la même couleur, étant donné que la majorité de la lumière entrant dans l'œil est absorbée par elle.

« Quand Louis Gregory s’est rendu à Stuttgart, écrit ‘Abdu’l-Bahá, bien qu’il soit de couleur noire, il brillait comme une lumière vive lors de sa rencontre avec les amis. »… « Il retournera en Amérique très bientôt, dit-il à un ami américain, et vous, le peuple blanc, devriez alors honorer et accueillir cet homme de couleur brillante de telle manière que tout le monde sera étonné. »

Dans un autre discours, 'Abdu’l-Bahá a expliqué que : Parmi les joyaux groupés des races que les noirs soient comme des saphirs et des rubis tandis que les blancs soient comme des diamants et des perles. La beauté composite de l’humanité sera témoin de leur unité et de leur affiliation.

Photos : Le premier group des jeunes bahá'ís ; Eddie Elliot est le premier à gauche

Références : Abdu'l-Bahá'í – Mahmud’s Diary 

W.C. van den Hoonaard,  The Origins of the Bahá’í Community of Canada

Montreal Council’s minutes, 1928

Bertly, Leo W. 1977 : Canada and Its People of African Descent. Montreal

Montréal, le 28 mai 2020 - Les communautés bahá’íes dans les différents quartiers de la ville ont commémoré l’anniversaire du décès de Bahá’u’lláh, le fondateur de la foi bahá’íe. Bahá’u’lláh. est un titre qui signifie « la Gloire de Dieu » en arabe. Les bahá’ís considèrent Bahá’u’lláh comme le dernier d’une lignée de messagers divins comprenant Krishna, Bouddha, Moïse, Jésus et Mahomet, qui ont apporté les enseignements divins pour l’éducation spirituelle du genre humain.

Bahá’u’lláh s’éteignit au petit matin du 29 mai 1892 dans sa demeure en dehors d’Acre, une ville fortifiée qui avait été une prison notoire de l’Empire ottoman. Contrairement à la plus grande partie de sa vie d’adulte qui avait été marquée par les souffrances et les bouleversements, ses derniers instants furent paisibles.

Né dans une famille noble de Téhéran, en Iran, Bahá’u’lláh refusa de mener une vie d’aisance et de luxe à la cour du roi pour se consacrer au service des pauvres. Connu comme « le père des pauvres, » Bahá’u’lláh était profondément aimé et respecté pour son caractère exemplaire et sa sagesse. Cependant, pour avoir accepté les enseignements du héraut de la foi bahá’íe – « le Báb » — Bahá’u’lláh fit partie de ceux qui furent persécutés par les autorités civiles et cléricales persanes, qui craignaient le changement social engendré par les enseignements avant-gardistes du Báb.

Ces persécutions s’intensifièrent quand Bahá’u’lláh commença à révéler ses propres enseignements, entre autres : qu’il n’y a qu’un seul Dieu, que toutes les religions du monde viennent de Dieu, que l’unité et la paix sont maintenant possibles pour tous les peuples du monde par la reconnaissance de l’unité de l’humanité.

Les autorités craignant de perdre leur influence sur une population qui était de plus en plus attirée par Bahá’u’lláh et sa révélation, il fut exilé, d’abord à Bagdad par ordre du gouvernement persan, puis en tant que prisonnier de l’Empire turc, à Constantinople (Istanbul), à Andrinople (Edirne), et finalement à la ville d’Acre – qui faisait alors partie de l’Empire ottoman et maintenant d’Israël. Bahá’u’lláh et ses compagnons arrivèrent à Acre en 1868, 15 ans après le début de leur exil de leur terre natale de Perse. Bien qu’en 1879 les autorités lui permettent de vivre en dehors des murs de la ville, il restera prisonnier jusqu’à son décès en 1892, ayant passé presque 40 ans de sa vie en exil.

Aujourd’hui, les enseignements de Bahá’u’lláh constituent son héritage pour les cinq millions de bahá’ís partout dans le monde. Le lieu où il est enterré, adjacent à la maison où il passa ses dernières années, est un mausolée considéré par les bahá’ís comme l’endroit le plus sacré de la terre. Le tombeau de Bahá’u’lláh près de la ville d’Acre est entouré de magnifiques jardins ouverts au public.

Les bahá’ís commémoreront l’ascension de Bahá’u’lláh avec des prières et des réflexions sur sa vie et ses enseignements. Cette commémoration est observée par les bahá’ís comme l’un de neuf jours saints de l’année.

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