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Montréal, le 30 août 2020 – Ce soir, en 1912, il y a 108 ans, trois personnes attendaient sur le quai à la Gare Windsor. Un architecte renommé Sutherland Maxwell, son épouse May et une amie Louisa Bosch attendaient l’arrivée d’un personnage éminent et en quelque sorte, ces dernières années, célèbre en Amérique du nord et l’Europe! Le train devrait arriver à 20 h, l’attente était longue car un changement d’horaire était annoncé. Finalement, le train est arrivé vers minuit !

Il n’était pas difficile de reconnaître ce personnage vêtu de blanche accompagné de deux Persans habillés différemment des autres !  La majestueuse figure d’ ‘Abdu’l-Bahá, le Centre de l’Alliance de Bahá’u’lláh, le fils du fondateur d’une Foi universelle s’approchait les amis qui l’attendaient impatiemment ! M. et Mme Maxwell ont imploré ‘Abdu’l-Bahá de demeurer chez eux pendant son séjour à Montréal ; ce qu’il a accepté gracieusement ! Deux calèches les a amené au 716 de l’avenue des Pins Ouest où un grand nombre d’amis enthousiastes les attendaient.

May Maxwell décrit la soirée ainsi :

« À la clarté éclatante d’une lune d’été, ‘Abdu’l-Bahá est arrivé, le vendredi 30 août, en compagnie de deux interprètes, et quand il est entré dans la maison de bahá’ís, sur l’avenue des Pins, plusieurs voisins observaient la scène de leurs fenêtres, pour entrevoir ce majestueux personnage vêtu de blanc, qu’ils appelaient affectueusement le « prophète persan » et dont la presse avait si éloquemment annoncé la venue. »

Parmi l’audience, ce soir du 31 août, il y avait un certain John Lewis, un journaliste du journal Toronto Star, un sympathisant de la Foi bahá’íe et probablement un croyant. Il a été l’instrument pour préparer de nombreux articles qui sont apparus dans les journaux, en anglais et en français, tout au long de séjour d’ ‘Abdu’l-Bahá à Montréal.

Le lendemain de son arrivée à Montréal, Sutherland Maxwell a accompagné le Maître ‘Abdu’l-Bahá pour une promenade en ville. Sur le chemin, il a visité brièvement la Cathédrale Marie-Reine du Monde et s’est arrêté devant l’édifice quelque temps. Cette cathédrale portait le nom de « Notre-Dame de Saint-Sulpice » détruite dans le grand incendie de Montréal de 1852. Une réplique réduite de la basilique de Saint-Pierre à Rome a été construite à sa place en 1894 et portait le nom de « la cathédrale Saint-Jacques-le-Majeur .»!

Bien que certains considéraient Montréal comme un lieu de bigoterie religieuse, ‘Abdu’l-Bahá a pourtant trouvé « toutes les portes ouvertes », et y a rencontré la même réaction irrésistible que partout au cours de son voyage, des gens de toutes nationalités, de toutes races, de tous milieux sociaux venant nombreux pour l’entendre.

Après avoir demeuré chez les Maxwell, le Maître a décidé de transférer sa résidence à  l’hôtel Windsor. Le jeudi 5 septembre 1921, le 6e jour de son séjour à Montréal, l'archevêque de Montréal, Mgr Louis Joseph Paul Bruchési, vint témoigner à ‘Abdu’l-Bahá son plaisir de le rencontrer et sa gratitude pour « ses propos sur le but de la manifestation du Christ et des autres saintes Manifestations ». ‘Abdu’l-Bahá invita l'archevêque, un membre du clergé catholique qui s’intéressait beaucoup aux Orientaux, à assister à sa causerie publique, à l'église méthodiste St. James plus tard ce jour-là !

‘Abdu’l-Bahá et son entourage arrivèrent à l'église méthodiste St. James, sur la rue Sainte-Catherine Ouest. Inspirée de l'architecture des cathédrales françaises, cette église était l'une des plus belles de Montréal, et avait fait l’objet de nombreux éloges depuis la pose de la première pierre en l’année 1844, une année mémorable. Une foule de 1 200 personnes se leva quand ‘Abdu’l-Bahá entra dans la salle. Le révérend Herbert Simmons, le vicaire anglican de la cathédrale Christ Church le présenta. ‘Abdu’l-Bahá parla d’abord des « principes bahá'ís pour le bonheur de la race humaine ». Il enchaîna avec les enseignements religieux de son Père.

Le public découvrit avec tant d’intérêt le message de la foi bahá'íe que le juge Robert Weir, qui avait déjà entendu parler du Maître et était venu l'entendre pour la première fois ce soir-là, se leva et dit :

« Certains croyaient la lignée des prophètes éteinte, mais ce soir nous avons pu entendre ces enseignements divins de la bouche d’un prophète oriental qui est un descendant des prophètes de Dieu. Le message qu’il a livré ne sera jamais oublié. Il ne fait aucun doute que ces enseignements sur la paix mondiale, l’unité de l’humanité et la distribution des richesses s’accordent parfaitement avec les principes des lois économiques, l’égalité des droits et l’adoption d’une langue universelle. Ce sont les principes de base du progrès de l’humanité. »

Le pasteur se leva alors et déclara : « Il serait faux de croire que l'Occident a atteint la perfection et que l'Orient n'a ni bienfaits ni leçons à lui offrir. ‘Abdu’l-Bahá a mentionné plusieurs choses que nous n'avions ni entendues ni comprises auparavant. »

‘Abdu’l-Bahá récita ensuite une prière et les remercia tous pour leurs remarques. Plus tard, dans la sacristie, les membres du clergé se montrèrent très respectueux envers lui ; ils constatèrent que les mots leur manquaient pour exprimer leur gratitude pour sa visite et ses paroles. Le juge Weir, en particulier, mentionna à maintes reprises son désir de devenir bahá'í !

 

Références :

- ‘Abdu’l-Bahá au Canada, édition 2012.

- Mahmúd Diary, chronique de voyage d’ ‘Abdu’l-Bahá en Europe et en Amérique du Nord, édition persane 1914.

- Earl Redman, Abdu’l-Baha in Their Midst, 2011 

Photos : * Archevêque de Montréal, Louis Joseph Paul Bruchési  (1855 –1939), Ville de Montréal – Gestion de documents et archives.

**Robert Stanley Weir (15 novembre 1856 - 20 août 1926) était un juge et un poète montréalais. Il a composé les paroles anglaises du Ô Canada, l’hymne national du pays.

 

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