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Montréal, le 18 juin 2023 - Il y a quarante ans, à l'aube, dix jeunes femmes ont été pendues à Chiraz, en Iran ! Cet acte odieux a été accompli sur la place publique de la ville, chacune étant pendue, sous les yeux ahuris des autres. La dernière à être exécutée était une jeune fille de 17 ans, fréquemment réprimandée par ses maitres à l'école pour avoir écrit des essais sur le thème de la liberté ! Ces essais l'ont finalement conduite à la potence !

C'était le 18 juin 1982.

Quarante ans plus tard, les femmes d'Iran ont ravivé le feu allumé par Tahirih, une jeune poétesse âgée de 35 ans, également exécutée le 16 août 1852 au jardin Ilkhani de Téhéran, 130 ans auparavant.

Les voix de milliers de mères et de sœurs, actuellement, rejoint celle de Tahirih

- l'émancipation des femmes n'est qu'une question de temps !

Le temps est venu !

La douleur est devenue une agonie commune ! Ce ne sont pas seulement les Bahá'ís qui souffrent, c'est un pays,

c'est l'humanité qui souffre et pleure collectivement !  

Peut-être, enfin, la nation perse pourra comprendre l’agonie de 180 ans de persécution d’une communauté dont l’objectif n’était que l’établissement de la paix universelle !

Lorsque les gardes révolutionnaires ont fouillé la maison de Mona, dans sa petite chambre, ils ont trouvé ses essais de l’école, une preuve évidente pour l’arrêter ! Sa mère leur a demandé pourquoi ils l'arrêtaient, elle n'est qu'une enfant !

L'un d'entre eux a répondu :

« Ne la traitez pas d'enfant, quand elle sera grande, elle embrasera le monde avec ses écrits ! »

Au cours de l'interrogatoire, ils ont découvert que Mona aidait également les enfants à apprendre à lire et à écrire. Ces enfants n'avaient pas accès à l'école à cause de leur croyance !

La plus âgée des dix femmes exécutées à l'aube de ce mois de juin, avait 57 ans. Elle a été pendue la première.

Sa fille Roya, âgée de 23 ans, a été pendue en même temps qu'elle,

alors que son mari avait été exécuté deux jours plus tôt !

De cette famille de quatre personnes, seule la plus jeune fille, la sœur de Roya, a été libérée ; une autre technique de torture utilisée par leurs bourreaux !

En l'espace de 24 heures, 80 bahá'ís ont été arrêtés à Chiraz. Ils ont été interrogés, torturés et enfermés dans des cellules sans fenêtre, incapables de respirer convenablement.

Chaque fois que les prisonniers avaient l'occasion de recevoir des visiteurs, leurs questions portaient sur l’air de printemps et le parfum des fleurs d'oranger de Chiraz, après tout ils étaient habitués à ce parfum dans leurs vies antérieures !

De nombreux prisonniers ont été exécutés ou sont morts sous la torture au cours de cette semaine fatidique.

On rapporte que 22 autres personnes ont été exécutées cette semaine-là ! L'ordre d'exécution a été signé par un simple ecclésiastique,

un soi-disant juge de Chiraz, à l'insu des autorités gouvernementales,

personne n'est intervenue et personne n'a empêché cet acte odieux.

Les agences des droits de l'homme et les gouvernements du monde entier ont condamné cet acte barbare !

Le dirigeant iranien de l'époque a fait remarquer que défendre les droits des bahá'ís par certains gouvernements est une preuve irréfutable qu'ils sont les espions d'agents étrangers !

Ce commentaire faisait partie de l’homélie du vendredi dans une mosquée de Téhéran !

Trois semaines après ce discours, dix femmes ont été exécutées par pendaison sur une place publique de Chiraz !

L’heure de l'exécution est inconnue ! Seulement une vague remarque que c'était à l'aube du 18 juin.

À 11 heures, les parentés de ces jeunes victimes se sont précipitées au département de médecine légale. Le garde révolutionnaire en poste leur a refusé la permission d'aller voir les corps de leurs filles pour la dernière fois, car c'était l'heure de la prière de midi et il ne voulait pas la perdre ! À la supplique des mères, il a accepté de leur accorder une courte visite. Il les a conduits vers une petite pièce à peine climatisée où les corps de dix femmes ont été entassés les uns sur les autres. La mère de Mona a trouvé le corps de sa fille en premier !

Le visage de Mona était couvert par ses longs cheveux et un morceau de tissu noir recouvrait ses yeux.

D'autres mères ont eu du mal à reconnaître leurs enfants recouverts de leur tchador ! Elles ont embrassé leurs enfants une dernière fois avec tendresse et amour, puis ont été forcées de sortir de la pièce par le même garde révolutionnaire qui craignait d'être découvert par ses supérieurs !

Les yeux des mères ont observé une horrible tragédie, ils ont vu un drame rarement vu dans l'histoire des génocides humains !

Dix corps aux yeux bandés avec l’empreinte de corde de pendaison autour du cou, drapés dans leurs tchadors !

Il ne reste rien d'eux, même leurs tombes sont inconnues !

Des années plus tard, une mère s'est rendue sur le lieu présumé de leur enterrement.

Un vendeur qui tenait un kiosque à proximité lui a raconté qu'à la suite de la nouvelle de l'exécution des femmes, tôt le matin, un camion a vidé un certain nombre de corps enveloppés dans leur tchador. Ils ont enterré les corps ici, à cet endroit.

Plus tard, on a appris que les corps avaient été déplacés ailleurs, et que leurs ossements avaient peut-être été dispersés par le vent, personne ne le sait !

Quarante ans plus tard, la prise de conscience des femmes iraniennes d'aujourd'hui est un signal d'éveil, une ouverture d’esprit, une compréhension fondamentale que 

des dogmes vieux de milliers d'années,

des persécutions vieilles de plusieurs siècles,

des injustices vieilles de plusieurs décennies,

des préjugés vieux de milliers des jours,

que la moitié de l'humanité,

les mères et les sœurs de l'homme,

les éducatrices des enfants de l’avenir,

assument la responsabilité

d'atteindre l’objectif de l’unité organique de ce monde,

coude à coude avec leurs frères !

Un monde où l'injustice n'aura plus de place et

où personne ne peut dominer les autres !

Néanmoins, la question demeure de savoir pourquoi

l'être humain peut commettre de tels crimes ?

Peut-être la future génération comprendra que la vie humaine a un autre aboutissement que d'être sacrifiée pour des idéologies dogmatiques !

 

Photo : Roya Eshraghi, 23 ans, a été exécutée en même temps que sa mère, Ezzat-Janami Eshraghi, 57 ans. Son père a été exécuté le 16 juin 1983.

Sources : Fragments des entretiens avec les membres de la famille des victimes dispersés aux quatre coins du monde !

Bahá’í World News Service

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